« Il est vrai que de manière générale les animaux ne sont pas en mesure de participer à leur libération, mais ils se comportent différemment lorsqu’ils sont libérés et ont de meilleures conditions de vie. »
— Speaking Beyond Language: Lin May Saeed Interviewed

L'EXPOSITION

La vie des animaux
 

8 juin - 22 sep 2024
M HKA, Antwerpen 


Qu’est-ce qu’un animal ? Et pouvons-nous, êtres humains, nouer une amitié avec des animaux ? Ces questions sont au cœur de l’exposition de groupe La vie des animaux. L’œuvre qui ouvre l’exposition, The Liberation of Animals from their Cages XVI [La libération des animaux de leur cage XVI] (2014) est de Lin May Saeed (1973-2023), une artiste qui a consacré sa pratique à des thèmes tels que la libération des animaux, leur domestication et notre coexistence mutuelle. Son œuvre, qui étudie les relations complexes entre êtres humains et animaux, constitue l’un des piliers les plus importants de ce projet.


Nous connaissons tous d’innombrables histoires d’animaux, elles font partie de notre imaginaire collectif. Depuis l’enfance, nous avons passé du temps à les observer en diverses circonstances. Souvent aussi, nous nous sommes forgé une opinion intime à leur sujet. Les animaux constituent sans doute l’un des sujets les plus populaires et, en même temps, les plus complexes qui nous ac­compagnent depuis l’émergence de notre espèce. L’être humain co-évolue avec les animaux et notre attitude à leur égard a donc changé au fil de l’histoire.

Au cours des deux dernières décennies, l’étude des animaux s’est imposée dans le monde entier comme une nouvelle discipline universitaire. Les scientifiques s’interrogent sur les concepts d’« anima­lité », d’« animalisation » ou de « devenir animal », afin d’étudier les représen­tations humaines et les imaginaires culturels à ce sujet. Les études animales s’efforcent de comprendre les relations entre l’être humain et l’animal à partir d’une perspective historique, en prêtant attention à la complexité de la question, en lien avec les mouvements de défense des droits des animaux, l’éthique du care – du prendre soin –, l’écologie, le fé­minisme, les droits humains, les études postcoloniales et autres disciplines.

Il est important de mentionner que les origines du Mouvement pour les Droits des Animaux se situent dans l’Europe du XIXe siècle. Les idéaux de liberté de plus en plus répandus, associés à la lutte des suffragettes pour les droits des femmes, ainsi qu’à la lutte des abolitionnistes pour la liberté des esclavagisé·es noir·es, ont créé un terrain fertile pour les mouvements naissants de libération des animaux. Depuis lors, divers activistes et chercheurs examinent la situation de réification des animaux dans le cadre de l’industrie agro-alimentaire, vestimen­taire et du divertissement, pour ne citer que quelques domaines où les animaux sont exploités.

L’exposition La vie des animaux aborde le sujet sous l’angle des arts plastiques et visuels, en posant la question fonda­mentale de savoir ce qu’est un animal et si humains et animaux peuvent se lier d’amitié. Les artistes participants examinent d’un œil critique les atti­tudes d’« exceptionnalisme humain » qui découlent de la croyance selon laquelle les animaux ne comprennent pas le concept de la mort et n’ont pas le sens de l’anticipation.

Le titre de l’exposition fait référence au roman fictif de J.M. Coetzee, The Lives of Animals [La vie des animaux, ouvrage non traduit en français jusqu’à présent]. Le texte présente une forme inhabituelle et polémique de dialogue philosophique, dans lequel la protagoniste fictive, l’uni­versitaire Elisabeth Costello, donne deux conférences qui s’imbriquent dans l’in­trigue narrative. J.M. Coetzee présente différents points de vue sur la question des animaux, souvent extrêmement polarisés, ce qui confère au roman un caractère exceptionnellement contem­porain, reflétant la dynamique du débat public autour de questions concernant les animaux. La protagoniste du roman discute des fondements de la morale humaine, en se référant à l’éthique de la compassion et à l’« invention poétique » (la capacité de s’imaginer être quelqu’un d’autre). L’empathie et la gentillesse dont parle Costello deviennent le point de départ de la présente exposition, qui propose une approche interdisciplinaire, mêlant littérature, philosophie, éthique et arts plastiques pour explorer et inter­roger les perceptions conventionnelles des animaux, tout en encourageant les visiteurs à repenser les relations que nous entretenons avec eux.

L’exposition commence par des œuvres de l’artiste Lin May Saeed (1973–2023), qui a consacré toute sa créativité artis­tique aux thèmes de la libération des animaux, de leur domestication et de la cohabitation entre humains et animaux. Son travail, qui examine les relations transculturelles et complexes entre les humains et les animaux, devient l’un des principaux points de départ de la créa­tion de ce projet.

Des rats qui rient, des fréquences inau­dibles dans la forêt amazonienne et le gazouillis d’oiseaux de différentes parties du monde font partie des multiples sons que les visiteur·euses peuvent entendre dans la salle sonore. Au sein de l’exposition, nous avons créé un espace unique où les visiteur·euses peuvent faire l’expérience de différents langages animaliers. Le matériel audio se compose de créations d’artistes et de chercheurs actifs dans des domaines tels que la musicologie zoologique et l’éco-acoustique (l’acoustique du pay­sage sonore) ainsi que d’enregistrements de terrain. Cet espace sonore confère à l’exposition un caractère plus perfor­matif, qui s’aligne sur la méthodologie essentielle qu’a appliquée la commis­saire de l’exposition en se concentrant sur des œuvres transdisciplinaires et des artistes qui entretiennent des relations complexes et prolongées avec le sujet.

L’exposition est réalisée selon un code éthique. Par conséquent, elle ne com­prend pas de taxidermie, d’animaux vivants ou d’actes de violence à leur encontre. Les animaux sont les protago­nistes de l’exposition, qui se concentre sur leur biographie et leur caractère unique, tout en se demandant en quoi consistent les gestes d’empathie, de gen­tillesse et d’amour envers les animaux.

Pouvons-nous, et dans quelles circons­tances, adopter un point de vue animal ?


Artistes

Noor Abuarafeh, Antonia Baehr (avec Dodo Heidenreich, Nanna Heidenreich, Mirjam Junker, Itamar Lerner, Catriona Shaw, Ida Wilde, Steffi Weismann), Yevgenia Belorusets, Pierre Bismuth, melanie bonajo, Elen Braga, Sue Coe, Simone Forti, Nicolás García Uriburu, Piero Gilardi, Golden Snail Opera Collective (Isabelle Carbonell, Joelle Chevrier, Yen-Ling Tsai, Anna Tsing), Rebecca Horn, Katarzyna Krakowiak, K.P. Krishnakumar, Luís Lázaro Matos, Laura Lima, Anne Marie Maes, Dafna Maimon, Britta Marakatt-Labba, Ad Minoliti, Jean Painlevé, Charlemagne Palestine, Panamarenko, Rosana Paulino, Janis Rafa, Lin May Saeed, Tomás Saraceno, Carolee Schneemann, Filip Van Dingenen, Aleksandra Waliszewska.

La salle sonore

Izabela Dłużyk, Nathan Gray, Jonáš Gruska, Kathy High (avec Michelle Temple, Matt Wellins), Anne Marie Maes,Jean-Claude Roché, Tomás Saraceno, Lisa Schonberg, et d’autres.
 


Une adaptation de ce projet sera présentée à notre institution partenaire Salt à Istanbul en 2025.
L'exposition est soutenue par L’Internationale, une confédération de sept grandes institutions artistiques européennes et de leurs partenaires.



 Installation views The Lives of Animals (08 June – 22 September 2024), M HKA
 ©  Photography by Kristien Daem