« Il est vrai que de manière générale les animaux ne sont pas en mesure de participer à leur libération, mais ils se comportent différemment lorsqu’ils sont libérés et ont de meilleures conditions de vie. »
— Speaking Beyond Language: Lin May Saeed Interviewed

GLOSSAIRE

Les Animaux font partie du royaume biologique Animalia et sont des organismes multicellulaires qui respirent de l’oxygène, consomment des matières organiques et disposent de la capacité à se mouvoir. Plus de 1,5 million d’espèces ont été recensées, comprenant environ 1,05 million d’insectes, plus de 85 000 mollusques et 65 000 vertébrés. Le nombre total d’espèces animales est estimé à plus ou moins 7,77 millions. Les tailles des animaux varient énormément, des créatures microscopiques aux baleines bleues, dont la taille peut atteindre 33,6 mètres de long. Les animaux sont en étroite interaction avec leur environnement, créant des réseaux alimentaires complexes. La zoologie, l’étude scientifique des animaux, explore leur anatomie, leur comportement et l’écologie, alors que l’éthologie se concentre spécifiquement sur les comportements animaliers. Tous les hommes modernes, qualifiés d’Homo sapiens, appartiennent aussi au règne animal.
 
L’Anthropocentrisme est la conviction que les humains sont au centre de la planète ou en sont l’entité la plus importante. Le terme peut être utilisé de manière interchangeable avec le mot humanocentrisme et certaines personnes font également référence au concept de suprématie humaine ou d’exceptionnalisme humain.

L’Anthropomorphisme est l’attribution de traits humains, d’émotions ou d’intentions à des entités non humaines. Ce concept est considéré comme étant une tendance innée de la psychologie humaine.

La Domestication des animaux est le processus d’adaptation des animaux sauvages pour l’utilisation humaine, ce qui comprend les espèces élevées pour l’alimentation, le travail, l’habillement, la médecine et à d’autres fins. Les animaux domestiqués dépendent des soins humains et sont différents de leurs homologues sauvages. Environ au même moment où les personnes ont commencé à domestiquer des plantes, elles ont également entamé un processus d’apprivoisement des animaux en Mésopotamie pour la viande, le lait et les peaux. Les peaux animales étaient utilisées pour l’habillement, le stockage et la construction d’abris. Les chèvres étaient probablement les premiers animaux à avoir été domestiquées, suivies de près par les moutons (Ovis aries). En Asie du Sud-Est, les poulets (Gallus domesticus) ont été domestiqués il y a environ 10 000 ans. Des animaux plus grands comme les bœufs (Bos taurus) et les chevaux (Equus ferus caballus) ont ensuite été domestiqués pour le labourage et le transport. Au fil des années, ces pratiques d’élevage sélectives ont été à l’origine de la création d’animaux domestiqués significativement différents de leurs ancêtres sauvages. À titre d’exemple, les chiens ont probablement été domestiqués à partir de loups gris (Canis lupus). La domestication a constitué un moment charnière dans l’histoire de l’humanité, marquant le début d’un style de vie agricole et permettant la formation de communautés sédentaires. Ce changement a permis aux humains de s’établir à un seul endroit, car ils n’ont plus eu besoin de se déplacer pour chasser des animaux et récolter des plantes pour manger.

L’Éco-activisme, également connu sous le nom de mouvement environnemental ou écologique, est un mouvement social visant à protéger le monde naturel des pratiques dangereuses en vue de promouvoir un mode de vie durable. Les environnementalistes plaident en faveur d’une gestion environnementale et d’une gestion des ressources équitables et durables, par le biais de changements dans la politique publique et dans les comportements individuels. En reconnaissant l’humanité comme un acteur dans les écosystèmes, le mouvement se concentre sur l’écologie, la santé et les droits de l’homme. Le mouvement environnemental a été créé en réponse à l’importante pollution due à la fumée pendant la Révolution industrielle. La prolifération des usines et la hausse de la consommation de charbon ont mené à une pollution de l’air sans précédent, en plus des rejets industriels et chimiques et des déchets humains non traités. En réponse à la pression politique, les Britain’s Alkali Acts de 1863 ont été les premières grandes lois environnementales ciblant la pollution de l’air du procédé Leblanc utilisé pour produire du carbonate de sodium. 

L’Écoféminisme, également connu sous le nom de féminisme écologique, est un mouvement et une perspective qui met l’accent sur l’interconnectivité entre les femmes et la nature, en se concentrant particulièrement sur le lien entre l’oppression des femmes et la crise climatique. Il démontre à quel point les femmes sont essentielles pour entretenir la nature et les communautés grâce à leur travail et leurs connaissances. Malgré cela, elles ne jouissent pas souvent d’un accès égal aux droits et aux avantages sociaux, politiques et économiques. En mettant en exergue les liens entre l’oppression basée sur le genre et la crise climatique, l’écoféminisme aborde les causes principales de différentes questions : l’extraction, l’exploitation et la dévalorisation de la nature et des groupes marginalisés.

L‘Empathie est la capacité à de mettre à la place de quelqu’un d’autre, à comprendre, ressentir et éventuellement partager et réagir à son expérience. 

Les Études animales sont un domaine interdisciplinaire récemment reconnu qui examine les animaux par le biais de diverses perspectives académiques, comme l’histoire de l’art, l’anthropologie, la biologie, les études cinématographiques, la géographie, l’histoire, la psychologie, les études littéraires, la muséologie, la philosophie, la communication et la sociologie. Les chercheurs dans ce domaine abordent des concepts tels que l’« animalité », l’« animalisation » et le « devenir animal » pour explorer les représentations créées par l’homme et les idées culturelles à propos des animaux et de l’humanité. En faisant appel à diverses perspectives théoriques, ils cherchent à comprendre les relations entre l’humain et l’animal, à la fois d’un point de vue historique et dans des contextes contemporains, par le biais de l’évolution de nos connaissances sur ces relations. Le développement des études animales en tant que sujet interdisciplinaire s’est accéléré dans les années 1970. Le domaine entrecroise différentes disciplines académiques, chacune apportant son point de vue par le biais de revues, d’une série d’ouvrages et d’autres contributions académiques. Différentes disciplines ont commencé à s’intéresser aux animaux à divers moments et pour de multiples raisons, façonnant ainsi les différentes approches que les chercheurs adoptent en matière d’études animales. À titre d’exemple, l’histoire environnementale a historiquement souligné l’importance des animaux dans la compréhension de l’histoire de l’homme. Par le biais de l’histoire occidentale, les humains se sont souvent positionnés au-dessus des espèces non humaines. Les études animales tirent en partie leur origine du mouvement de libération des animaux, qui repose sur des valeurs éthiques à propos de notre coexistence avec d’autres espèces. 

L’Exceptionnalisme humain est l’opinion selon laquelle les humains ne sont pas seulement différents des autres animaux d’un point de vue qualitatif, mais que nous sommes aussi plus avancés en ce qui concerne la valeur morale. Cette idée est ancienne et généralisée et constitue la base de la relation complexe et parfois incohérente entre les humains et les autres animaux. Ce paradigme est actuellement largement critiqué par les sciences humaines et les sciences dures. 

Les Grands singes (superfamille Hominoïdes) se distinguent des autres singes par l’absence totale de queue, la présence d’un appendice et par leur cerveau beaucoup plus complexe. Alors que les êtres humains sont zoologiquement catégorisés comme des membres de la superfamille élargie des grands singes, ils sont généralement repris dans leur propre sous-catégorie en raison de leur cerveau plus grand, de leurs capacités cognitives avancées (en particulier la capacité de parler) et de leur posture et de leur démarche sur deux jambes. Le gorille (Gorilla gorilla) est le plus grand des grands singes et l’un des cousins vivants les plus proches de l’homme. Le gorille, le chimpanzé, le bonobo et l’orang-outan font ensemble partie de la famille des grands singes en raison de leur taille relativement grande et de leurs caractéristiques humaines. Les grands singes sont considérablement plus intelligents que les autres singes et les gibbons. Ils sont par exemple capables de se reconnaître dans le miroir, contrairement à la plupart des autres animaux non humains, à l’exception des dauphins « à gros nez » (Tursiops). Les grands singes sont capables d’avoir un raisonnement abstrait, d’apprendre une communication presque linguistique (du moins si les humains leur apprennent) et de fabriquer des outils simples en captivité. Certaines populations d’orangs-outans et de chimpanzés créent même des outils dans la nature.

L’Identité individuelle fait référence au statut d’être reconnu en tant que personne. Il s’agit d’un sujet débattu dans la philosophie et la loi qui est associé à la citoyenneté, à l’égalité et à la liberté. D’un point de vue légal, seule une personne physique ou morale a des droits, des protections, des responsabilités et des obligations. Le concept d’identité individuelle est débattu au niveau international pour des sujets comme l’abolition de l’esclavage, l’avortement, les droits du fœtus et les droits reproductifs, les droits des animaux, la théologie, l’éthique et la personnalité morale. Au 21e siècle, la personnalité morale et le « mouvement pour l’identité individuelle » connectent les systèmes légaux occidentaux et indigènes. La reconnaissance de la personnalité morale varie au travers des cultures, démontrant que les définitions ne sont pas universelles.

Le Mouvement pour la libération des animaux, également connu sous le nom de mouvement pour les droits des animaux, de mouvement de personnalité des animaux ou de mouvement de défense des animaux, est un mouvement social visant à supprimer la distinction strictement morale et légale entre les animaux humains et non humains. Ce mouvement vise à abolir le statut des animaux en tant que propriété et leur utilisation dans la recherche, la production de nourriture, l’habillement et les industries de divertissement. Les libérationnistes des animaux estiment que les intérêts individuels des animaux non humains méritent d’être reconnus et protégés, même s’il existe de nombreuses approches pour défendre cette cause. Le mouvement moderne de défense des droits des animaux tire son origine dans le mouvement de protection des animaux de l’Angleterre victorienne. Les croisés de l’époque ont réagi au mauvais traitement des chevaux de trait urbains, aux conditions dans lesquelles ils ont été exportés pour être abattus et utilisés, à l’instar des chats et des chiens errants, pour pratiquer la vivisection. La sensibilisation publique s’est accrue par le biais d’ouvrages tels que le roman « Black Beauty » d’Anna Sewell en 1877, qui est considéré comme le premier roman écrit d’une perspective non humaine, et grâce aux efforts de pionniers comme Ada Cole, qui s’est battue pour la condition humaine des chevaux destinés à être abattus. Les premières suffragettes féminines et les abolitionnistes se sont battus non seulement pour leurs propres droits et ceux des esclaves, mais aussi contre l’abus des animaux dans la recherche et le travail. Le mouvement anti-vivisection du 19e siècle a été mené par de célèbres femmes féministes qui ont contesté la domination masculine au sein de la communauté scientifique. Au cours du 19e siècle, la lutte pour le droit de vote des femmes a coïncidé avec le débat élargi et l’activisme en matière de vivisection, l’utilisation d’animaux vivants dans la recherche. Les femmes à la tête du mouvement anti-vivisection défendaient également le droit de vote des femmes et luttaient pour l’abolition de l’esclavage. Le mouvement contemporain de défense des droits des animaux est supposé avoir été créé au Royaume-Uni au début des années 1970 par un groupe d’étudiants diplômés en philosophie de l’Université d’Oxford. La révulsion publique à l’égard des abattages télévisés a constitué un autre catalyseur pour le mouvement. Aux États-Unis, de nombreuses manifestations publiques contre l’abattage ont été organisées à la fin des années 1960 et au début des années 1970.

La notion de Multiespèces ne fait pas uniquement référence à l’implication de différentes espèces, qui sont parfois indissociables les unes des autres, mais aussi à un ensemble de perspectives où toutes les entités sont constamment en train de créer et d’exercer une influence sur les mondes. Ce concept peut être complexe, donc des exemples peuvent aider à clarifier ce point. La philosophe écoféministe Anna Tsing illustre cette notion en expliquant comment les castors remodèlent les rivières, les champignons créent de la terre en digérant des pierres et les bactéries produisent notre atmosphère d’oxygène, que les plantes maintiennent actuellement. Chaque organisme altère donc les mondes des autres lorsqu’il les croise (Anna Tsing, Le champignon de la fin du monde, 2025). Dans son livre de 2016, Vivre avec le trouble, Donna Haraway approfondit ce sujet en introduisant le concept de « multispecies worlding » (rassembler les mondes et les différentes espèces), une pratique ou une compétence de vie qui nous pousse à nous demander comment les humains et les autres animaux créent, partagent, transforment et façonnent des mondes en permanence, surtout dans la vie quotidienne. Ceci implique non seulement de traiter la question de la souffrance, mais plus important, aussi de trouver des solutions pour continuer à pratiquer le « worlding » de manière plus désirable et moins spéciste.

Le Posthumanisme, également connu sous le nom du posthumain, est un concept philosophique qui explore la nature du monde et son potentiel avenir sans humain au centre de celui-ci. Cette idée, lorsqu’elle s’applique à la science-fiction, à la littérature ou aux médias, nous permet d’imaginer de meilleurs avenirs et d’éviter ceux qui sont moins cléments. Le posthumanisme nous invite à réfléchir en dehors des catégories humaines traditionnelles de race, de genre ou de nationalité, au-delà des intérêts de notre espèce et à travers des divisions conventionnelles entre l’animal, l’humain et la machine.

La Zoomusicologie examine les aspects musicaux du son et de la communication chez les animaux, mélangeant la musicologie et la zoologie dans le domaine de la zoosémiotique. Cette discipline a été créée par François-Bernard Mâche dans son livre de 1983 intitulé « Musique, mythe, nature ou les dauphins d’Arion » et a été approfondie par différents chercheurs universitaires. La zoomusicologie touche à de nombreux domaines de spécialisation comme la musique, la sémiotique, la philosophie et la biologie. Des chercheurs dans ces diverses branches contribuent à son développement. David Rothenberg, un clarinettiste et philosophe, interagit musicalement avec des animaux et a rédigé des articles sur la connexion entre les musiques animales et humaines. La compositrice Emily Doolittle a créé des œuvres basées sur des mélodies animales et effectué des recherches sur la grive solitaire et le troglodyte arada.